Laboris Fructus
2025Tags: [Art], [Exhibition], [Valenciennes], [Nord], [Work], [Laser cutting], [Pen plotter], [Embroidery], [3D], [Mine], [Dance], [Game], [Painting], [Drawing]
@ École supérieure d'art et de design de Valenciennes
Valenciennes, France
27.06.2025 Journée portes fermées
Laboris Fructus (Le fruit du travail) est une exposition qui nous invite à réfléchir à la notion de travail. Qu’est-ce que le travail ? Quelle est la différence entre le travail d’hier, d’aujourd’hui et de demain ? Et quel est, par ailleurs, le travail propre de l’artiste ?
Inspirée par le Nord de la France – jadis animé par les mines de charbon et les aciéries –, cette manifestation artistique propose une réflexion sur les tensions entre le manuel et le numérique, le passé industriel et les nouveaux modes de production, le travail et le jeu, tout en abordant la relation ambivalente entre la main humaine et la machine.
Les œuvres présentées adoptent une approche hybride, mêlant divers médias et techniques. L’artiste y interroge la valeur du labeur, la transformation progressive des outils, ainsi que l’histoire de la représentation.
Fruit du travail de l’artiste dans le cadre du programme post-diplôme Pédagogie(s) des territoires,
« Laboris Fructus » tisse un lien entre le contexte industriel du Nord de la France et les nouvelles formes de création de l’ère numérique, en fusionnant gestes manuels et procédés technologiques ; chaque projet ouvre un espace de réflexion sur un territoire en mutation.
Une ancienne monnaie lilloise, représentant la récompense accordée par le roi, est d’abord dessinée à la main, avec toute l’imperfection du geste. Numérisée, puis « re-dessinée » point par point par un traceur équipé d’un stylo BIC, chaque pixel devient un point d’encre exécuté avec une précision mécanique. L’œuvre confronte le dessin humain au mouvement précis de la machine et pose la question : « Qui travaille pour qui ? » Hier, le sujet servait le souverain ; aujourd’hui, la machine sert l’artiste, interrogeant la valeur du geste manuel à l’ère de l’automatisation.
Cette pièce de monnaie low-poly, réduite à un maillage minimal, se présente sous la forme d’un tracé de points numérotés. Invité à relier ces points, le visiteur révèle peu à peu la silhouette de la « pièce ». Le dessin complété - récompense du travail accompli - peut être emporté. Tiré à 200 exemplaires numérotés, le projet questionne l’originalité en art numérique et fait du public l’agent qui transforme le virtuel en objet tangible.
À partir de modèles 3D de terrils extraits de Google Maps, l’artiste génère une représentation volumétrique entièrement composée de lignes - l’une des premières méthodes d’affichage du volume à l’écran. Ces lignes sont ensuite patiemment cousues à la main. Entre force industrielle (paysages façonnés par l’extraction) et délicatesse du fil, le travail mêle technologies récentes (imagerie satellite, modélisation 3D) et savoir-faire ancien, invitant à repenser le développement humain sous le signe d’un dialogue des techniques.
Les équipements des mineurs - lampes, pioches, casques - apparaissent ici comme des « items » de jeu vidéo, rangés dans des cases d’inventaire et colorés selon le code de rareté des RPG 2D. Les teintes vives, proches des jouets d’enfants, confrontent le travail ardu du mineur (aujourd’hui révolu) à l’esthétique ludique. Entre mémoire industrielle et culture vidéoludique, l’artiste crée une nouvelle sensibilité envers un passé devenu souvenir.
Des silhouettes issues des affiches de sécurité au travail - ces figures qui chutent, glissent ou s’électrocutent - sont redessinées, découpées et colorées d’une teinte vive, couleur de l’attention. Tournées puis assemblées, elles composent une piste de danse où l’accident devient chorégraphie. L’œuvre détourne la signalétique industrielle pour explorer la tension entre prudence et célébration, danger et mouvement.
Photo : Ségolène Choi